«Charlie Hebdo», 10 ans après: la menace islamiste s’est transformée

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L’épée de Damoclès du terrorisme islamiste continue de planer au-dessus de la tête des Français, même s’il ne se caractérise plus uniquement par la violence armée, estime l’ancien directeur de la sécurité de Charlie Hebdo.

«Y a pas besoin d’avoir une Kalachnikov ou un couteau pour être un djihadiste. Quelqu’un qui fait la police des mœurs dans son quartier, c’est un djihadiste, c’est-à-dire qu’il mène un combat antirépublicain pour la promotion d’un modèle totalitaire», croit Éric Delbecque.

Également auteur, ce dernier profite d’ailleurs des 10 ans de l’attentat pour publier, le 2 janvier, Les irresponsables, un ouvrage dans lequel il déplore que la société civile n’ait pu su tirer les leçons qui s’imposaient dans le but de prévenir d’autres drames.



Manifestation après l’attentat du 7 janvier 2015.


Photo d’archives

«Je suis assez convaincu, poursuit-il, qu’il faut passer de l’esprit Charlie à une génération Charlie. L’esprit Charlie, c’est bien évidemment de défendre des gens qui ont été condamnés à mort pour leurs opinions, leurs dessins et leurs caricatures. C’est une émotion et c’est bien légitime. Mais aujourd’hui, pourquoi une génération Charlie, surtout chez les plus jeunes? C’est que ce combat, il structure toute une vision du monde et une façon de vivre fondée sur le respect des autres, de leurs idées et de la nuance.»

Les Français sont encore Charlie

Malgré ces constats, les Français sont-ils encore Charlie? La réponse est oui, confirme un sondage dont les résultats seront dévoilés dans le numéro spécial de Charlie Hebdo pour commémorer l’attaque terroriste du janvier 2015.

Selon le rédacteur en chef, Gérard Biard, voici un des points forts de ce coup de sonde réalisé par l’IFOP-Fondation Jean-Jaurès: plus de trois Français sur quatre (76%) considèrent que le droit à la caricature, au blasphème et la liberté d’expression sont des droits fondamentaux qu’il faut défendre.

«C’est assez surprenant, parce qu’intuitivement, on pourrait penser que ça a baissé. C’est plutôt une hausse spectaculaire par rapport à un même sondage fait en 2012, où ils étaient 58% à défendre ces droits», se réjouit M. Biard.

Si les Français demeurent solidaires de Charlie Hebdo, c’est notamment parce qu’il y a eu des «piqûres de rappel», estime le dessinateur Juin. «ll y a eu l’assassinat de Samuel Paty, un professeur qui a été décapité et, en ce moment, c’est le procès des personnes qui ont gravité autour de l’assassin, qui ont possiblement été complices.»

Des appuis d’Iran

Les appuis de Charlie Hebdo viennent parfois de là où on ne les attend pas. Le journal l’a constaté quand il a mis sur pied un concours de dessins des mollahs iraniens en soutien au mouvement «Femme, vie, liberté», il y a deux ans.

«On a reçu des menaces du régime iranien, se souvient Gérard Biard. Les mollahs n’ont pas du tout aimé, mais on a reçu des dizaines de milliers de messages d’Iraniennes et d’Iraniens du monde entier, y compris énormément de l’intérieur de l’Iran, c’est-à-dire des gens qui se mettent en danger pour nous remercier.»

Alors, ajoute M. Biard, «dire que les populations musulmanes n’aiment pas Charlie Hebdo, c’est totalement faux. La plupart ignorent son existence, et la majorité s’en fout tout simplement.»

La chronologie des événements

8 février 2006: publication de caricatures de Mahomet dans Charlie Hebdo, dont certaines avaient paru, en 2005, dans le journal danois Jyllands-Posten.

2 novembre 2011: une attaque au cocktail Molotov provoque un incendie qui ravage les locaux de Charlie Hebdo juste avant la parution d’un numéro spécial intitulé «Charia Hebdo».

Mars 2013: à la suite de la sortie d’un numéro renfermant une bande dessinée imaginant la vie de Mahomet, Al-Qaïda publie une liste de personnalités occidentales recherchées mortes ou vives, parmi lesquelles on retrouve le dessinateur Charb.

7 janvier 2015: les frères Chérif et Saïd Kouachi, armés de fusils d’assaut, réussissent à pénétrer dans les locaux de Charlie Hebdo, en prenant en otage la dessinatrice Coco, et ouvrent le feu. Douze personnes meurent, dont huit membres de la rédaction.

9 janvier 2015: les frères Kouachi sont abattus par des policiers au moment où ils tentent de fuir une imprimerie où ils se cachaient.

Septembre 2020 : ouverture des procès de 14 personnes liées aux attentats terroristes de janvier 2015. Dans une édition spéciale, Charlie Hebdo republie les caricatures de Mahomet et soulève la colère des gouvernements turc et iranien.

Décembre 2020: les 14 personnes liées aux attentats sont reconnues coupables et condamnées à des peines d’emprisonnement.

Les employés de Charlie Hebdo victimes de l’attentat du 7 janvier

Cabu

Charb

Tignous

Honoré

Wolinski

Bernard Maris

Mustapha Ourrad

Elsa Cayat



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